Une étonnante entrevue avec Dédé Fortin
Si vous n'avez pas entendu parlé d'André Fortin durant les quatre dernières années, vous n'étiez pas nécessairement sur une autre planète. À la fin de la tournée qui a suivi la sortie de l'album « Dehors novembre » en 1998, Les Colocs ont décidés de prendre des squats séparés. À la veille du lancement de son premier album solo, il se confie à son journal étudiant préféré.
Concordia français : Ça fait longtemps qu'on a pas entendu parler de toi Dédé... Qu'est-ce que tu deviens?
Dédé : Oui, oui, oui, je suis parti pendant longtemps. Mais maintenant je suis revenu et l'avenir est fantastique!
Concordia français : Qu'est-ce que tu as fais pendant toutes ces années?
Dédé : À la fin de la tournée des Colocs, en 2000, je suis parti au Brésil. Le dernier show du groupe, ça été un gros party bien important pour moi, parce que c'était le 24 juin, dans ma ville natale au Lac. Je leur promettais ça depuis longtemps. Ensuite, je suis parti apprendre à vivre au Brésil.
Concordia français : Qu'est-ce que tu as appris là-bas?
Dédé : L'excuse, c'était d'aller tourner un film sur les kids de la rue dans les bidonvilles... J'ai rencontré des tonnes de p'tits dédés qui jouent dans les ruelles. Ensuite j'ai découvert toutes sortes de nouvelles façons de m'exprimer par de nouvelles musiques, celles des gens de la rue. Pour eux, c'est une façon importante de communiquer, de passer leurs messages pis leur agressivité d'une autre façon qu'en jouant aux guns. La démocratie donne pas toujours une voix à ces gens-là, mais leur musique, c'est un vote de confiance en eux-mêmes.
Concordia français : Pourquoi tu reviens maintenant?
Dédé : J'ai des choses à dire j'crois bien! Une des grosses raisons, c'est que y'a 10 ans maintenant, en novembre 1994, Phil Esposito Di Napoli, un des premiers colocs, est mort du sida. Ce nouveau disque lui est 100 % dédié.
Concordia français : Ton nouveau disque est très différent de ceux de l'époque des Colocs?Dédé : Oui... non... euh... Je sais pas... Y'a toujours plein de musiciens qui m'accompagnent, c'est toujours de la musique pour rassembler le monde. C'est vrai que y'a des chanson pas mal plus intimes aussi. « Immobile », celle au milieu du disque, est totalement différente de ce que j'ai toujours chanté. C'est beaucoup plus direct et personnel comme message. « T'es belle pis c'est pour ça que je t'aime » aussi, dans le fond. Mais une toune comme « Ya basta! », on est 36 musiciens dessus! Attends de voir ça en show...
Concordia français : Tu es aussi allé fouiller dans des vieilleries...
Dédé : Ouais. La dernière chanson c'est « Cheek To Cheek » de Irving Bell. On a besoin de se rappeler que le monde est beau ces jours-ci.
Concordia français : Toujours indépendantiste?
Dédé : J'en suis! Le monde dans la rue comprend pas toujours que c'est encore important mais ça va revenir. Le but, c'est d'avoir un état dans lequel le monde a son mot à dire... Ça arrivera jamais dans le Canada à Paul Martin, ça!
***Vous croyez rêver? Vous vous dites : « mais comment est-ce possible? Je croyais que Dédé Fortin était mort! »C'est vrai. André Dédé Fortin s'est suicidé il y a 4 ans.S’il n'avait pas commis ce geste irréparable, Dédé aurait pu enrichir la musique québécoise pendant plusieurs années encore.Comme des milliers de Québécois, Dédé était victime d'une maladie.Le mois de novembre est le mois de la dépression. Il est important de savoir qu'il y a une vie après la dépression et que l'aide existe autour de vous.
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